Les Sentiers de l’Utopie – Isabelle Fremeaux et John Jordan, 2011
Je recommande chaudement ce livre sur des groupes d’idéalistes qui tentent de vivre autrement.
Etant moi-même instituteur, le chapitre sur l’école anarchiste espagnole Paideia (pp. 75–99) m’a motivé à tenter ma propre expérience d’école anarchiste bénévole que je mène pendant cette année scolaire.
Voici quelques notes et extraits :
7 valeurs dérivées de la philosophie anarchiste sont au coeur de la vie et de l’apprentissage de l’école : l’égalité, la justice, la solidarité, la liberté, la non-violence, la culture et, la plus importante, le bonheur.
William Godwin est l’ancêtre de l’anarchisme
p. 93 : “Le nom “Paideia” vient d’un concept grec classique selon lequel l’éducation civique est un processus impliquant un apprentissage personnel et social afin de façonner une citoyenneté active, avec l’objectif non pas d’enseigner “des choses” mais de faire fonctionner une communauté d’apprentissage. Dépassant la simple éducation, pour les Grecs, la paideia représentait un processus qui durait toute la vie et qui permettait de forger les traits nécessaires à l’exercice de la démocratie directe. Cette notion impliquait d’absorber des connaissances et des savoir-faire, mais ce qui importait encore davantage, c’étiat la création de pratiques vivantes de citoyenneté autogérée et participative.”
p. 94 : “L’anarchisme prétend que nous sommes dotés de l’esprit de coopération et de compétition, que nous sommes à la fois altruistes et égoïstes, mais que le contexte culturel et social créé par le capitalisme et l’Etat fait ressortir nos pires travers. Voilà pourquoi, selon le théoricien anarchiste John Clark, “le pouvoir doit être dispersé, pas tellement parce que tout le monde est toujours bon, mais parce que, lorsque le pouvoir est concentré, certaines personnes ont tendance à devenir extrêmement malfaisantes.”
p. 97 : “Contrairement au libéralisme et au socialisme, l’anarchisme considère que liberté et égalité sont liées. Tandis que le socialisme défend l’égalité mais est prêt à sacrifier la liberté, et que le libéralisme voue un culte à la liberté aux dépens de l’égalité, les arachistes pensent qu’il n’est pas possible d’avoir l’une sans l’autre. “Traite les autres comme tu voudrais que l’on te traite” est le plus haut principe moral de l’anarchisme, selon Kropotkine [82].”
Références :
69 : trapese.clearerchannel.org – collectif radical d’éducation populaire
73 : Michael Smith, The Libertarians and Education, Londres, 1983
74 : Paul Avrich, THe Modern School Movement: Anarchism and Education in the United States, AK Press, Oakland, CA, 2006
78 : John Clark, The Anarchist Moment: Reflections on Culture, Nature and Power, Black Rose Books, Montréal, 1984
79 : Alan Ritter, Anarchism: A Theoretical Analysis, Cambridge University Press, Cambridge, 1980
82 : Pierre Kropotkine, La Morale Anarchiste, Editions de l’Aube, La Tour d’Aigues, 2006